Angoissé, sans-gêne, aguerri : comment les recruteurs vous analysent-ils ? Ils nous dévoilent leurs secrets pour détecter votre vraie personnalité et révéler les imposteurs.
Le bavard
Les candidats ont souvent l’impression que plus ils en disent, plus l’entretien est un succès. À tort ! « Je me souviens d’un candidat avec lequel je n’arrivais pas à placer deux mots, raconte Philippe Vidal, président de Vidal Associates. Il n’attendait pas la fin de mes questions, me coupait… Cela révèle énormément de stress, une peur du silence, un besoin de contrôler l’entretien et une grave lacune côté communication. »
Frédéric Rosant, responsable de la filiale recrutement d’Acttif, a aussi eu affaire à ce type de personnalité. « Il me fatiguait ! Il débitait des phrases toutes faites, donnait trop de détails… Il était du genre à coincer la porte avec le pied quand on essayait de la fermer. Bref, il était clair qu’il aurait du mal à s’intégrer à une équipe. Nous avons même failli nous fâcher. » Seulement, le candidat correspondait en tous points à ce que recherchait l’entreprise. Le recruteur a donc décidé de le présenter tout de même à son client, tout en le prévenant sur ses observations. Résultat : un essai de deux semaines avant de découvrir qu’en effet, l’intégration se passait mal.
Le timide
À l’inverse, certains candidats répondent par monosyllabes, soit parce qu’ils sont laconiques par nature, soit parce que l’angoisse les prive de leur verve habituelle. La réaction du recruteur dépend alors du poste à pourvoir. « Pour un poste de comptable ou dans la recherche et le développement, ce n’est pas rédhibitoire. En revanche, pour un poste de manager ou de commercial, c’est plus inquiétant », admet Philippe Vidal. Généralement, les recruteurs essaient de mettre à l’aise ce type de candidats. « Quand on a affaire à une personne très introvertie, on essaie de la détendre, on lui demande si elle n’a pas eu de mal à trouver, on lui offre une collation… », explique Alain Mlanao, directeur de Walters Intérim. Dans tout les cas, mieux vaut essayer de surmonter votre timidité durant l’entretien car un candidat muet donne forcément du fil à retordre aux recruteurs.
L’expert de l'entretien d'embauche « Certaines personnes sont rompues à l’exercice de l’entretien de recrutement et ça se voit ! », remarque Frédéric Rosant. Réponses prêtes avant même que la question ne soit posée, répliques qui coulent toutes seules, entretien sous forme de match de ping-pong… « J’essaie de creuser davantage quand je tombe sur ce type de profil », précise le recruteur. Sa solution ? Insister sur certaines questions, chercher à en savoir plus derrière la façade, sortir du cadre habituel. « Il ne faut pas oublier que nous aussi, nous sommes aguerris ! »
L’imposteur Les candidats peuvent être de très bons acteurs : ils jouent devant leur interlocuteur le rôle qui, selon eux, leur permettra de décrocher le job. Mais les recruteurs sont de fins observateurs et ils décèlent souvent ces tromperies. Prenons l’exemple d’un candidat qui se dirait très ouvert et sociable, capable de fédérer des équipes… mais qui serait désagréable avec le personnel de l’accueil en attendant son entretien. Ou encore celui d’une personne qui se qualifie de très rigoureuse et qui ne remplirait pas soigneusement les papiers qu’on lui confie. « Les petits détails sont extrêmement parlants », prévient Alain Mlanao.
Comment les recruteurs vous cernent-ils ?
À chaque recruteur son astuce pour détecter votre véritable personnalité. Philippe Vidal étudie notamment les réactions aux questions difficiles. « Un candidat peut soit rebondir, soit se braquer. S’il se braque, cela révèle un certain niveau de rigidité. » D’autres sont friands des mises en situation. Vous rencontrez telle difficulté dans votre travail, comment réagissez-vous et pourquoi ? Voilà une question qui permet d’en apprendre beaucoup. « Le profil se révèle par la capacité à s’adapter aux différentes situations », affirme Alain Mlanao. Le regard en dit aussi très long. « Les candidats qui ont du mal à regarder le recruteur dans les yeux ont souvent exagéré dans leur CV, ils ne sont pas à l’aise sur certains points », remarque Philippe Vidal.
Mais sachez qu’il n’y a pas de personnalité idéale pour séduire les recruteurs. Tout dépend bien sûr du poste à pourvoir, comme le souligne Alain Mlanao : « une personnalité pourra être appréciée dans un métier et totalement inefficace dans un autre. »
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